La Blonde à succès.
Suite à nos mésaventures de chauffage, nous reprenons la route. Après un arrêt pour la nuit près de Milan, notre route nous mène à Marostica, village dominé par un château médiéval et ses murailles, lui donnant un air de Grande Muraille de Chine. Nous réveillant doucement dans cette commune italienne de la province de Vinence, le soleil grandiose nous appelait. Seulement aujourd’hui, ce n’était pas la journée pleine de découvertes et de péripéties pour toute la famille.
Il fallait ranger le camping car puisque ce nouveau rythme de vie commençait à prendre réellement forme sur notre manière de fonctionner dans un espace aussi restreint.
Ainsi, un grand ménage de printemps s’en suivit sans relâche.
Ne pouvant pas m’ajouter à cette tâche sans gêner les autres, je décidais de les libérer de notre belle blonde poilue.
Alors laisse en main, casquette sur la tête je filais rejoindre les rues matinales raisonnantes d’avance les discussions animées des passants italiens. Belles voitures, costumes et réception, je constatais que ce village qui semblait presque perdu avait été trouvé par les beaux billets. Peu après l’homme aux béquilles qui faisait sa marche quotidienne s’ajouta à la balade.
Nous arrivâmes sur une grande place, le coeur même de ce village à l’allure médiéval par un grand château aux murailles qui trônaient en ces lieux. Devant cette bâtisse, nous observions un grand échiquier qui embellissait le sol.
À Marostica, les échecs ont une importance capitale, vous pourrez en voir dans des vitrines des magasins, dans des cafés ou même dans des bars. Cette importance provient d’une belle légende qui remonte en 1454. Deux chevaliers voulaient s’affronter pour obtenir la main d’une femme et le père de la concernée, Taddeo, le seigneur du château de Marostica, leur interdit de faire ce duel. Il ne voulait aucun blessé et il leur ordonna de jouer une partie d’échec. Le challenge forma un grand spectacle avec des chevaliers armés, des feux d’artifices, des danses et des musiques. Ainsi, cet événement historique est re-joué tous les deux ans avec des personnages vivantes habillés avec des costumes du XVe siècle, ce qui attirent des gens de toute l’Italie.
Le temps nous en faisait oublier que nous venions d’entamer le mois d’octobre et nous avions l’impression de retrouver ces belles journées de juillet. Les petites dames italiennes bien vêtues venaient à notre rencontre pour se faire lécher les mains par notre compagnon suivit par quelques « Bello ! » ou encore « MA-GNI-FI-QUO ! ». Les sourires apparaissaient comme à leur habitude à la vision de notre chien, et une vraie starlette se pavanait dans ces rues.
Plus encore dans l’après-midi, seule avec lui, assise dans un café avec un cappuccino mousseux reposant sur la table, j’écoutais. Apprenant depuis quelques jours l’Italien, j’arrivais à comprendre quelques morceaux de conversation à ma plus grande joie de voir mon travail porter ces fruits. Et peu à peu je constatais qu’une grande partie des clients m’entourant avait le même mot en bouche « Il cane » (le chien). Tous avaient les yeux rivés sur ma blonde, ce qui me faisait sourire, j’en avais pris l’habitude car quelques jours avant il s’était même fait prendre en photo. Un couple le complimenta, une vieille dame l’appela et un petit rouquin s’écria « occhi multicolores ! » (yeux multicolores !) . Ainsi je discutais avec un mélange d’Italien, d’Anglais et de Français avec le grand-père de ce garçon qui semblait si heureux à la vue de ce chien qui par ailleurs se tenait à carreau. Couché à mes cotés, il scrutait autours de lui sans bouger malgré ses grandes acclamations. Si j’avais su qu’il m’aurait poussé à parler avec tant de personne…
Sur mon chemin du retour, je me retrouvais à échanger avec un jeune couple. Charly s’était interposé entre les deux et gênée je me devais de le suivre et passer entre les deux amoureux de manière gênée. Puis, une italienne m’arrêta dans la rue pour caresser ce chien, une vieille femme et un bébé lui firent un signe de la main comme s’il pouvait leur répondre puis d’autres enfants aux yeux éclairés le désignaient du doigt.
C’était mignon mais je suis là les gars !
Vous pouvez me parler ou me demander si vous pouvez le toucher avant de plonger vos mains sur sa langue sale !
Mais apparemment le succès de ce chien dépassait tous le reste et plus encore lorsqu’un homme bien habillé s’arrêta à mes cotés pour pouvoir traverser la route qui nous faisait face. Attentive je soufflais à Charly d’attendre et ce dernier s’asseyait à mes pieds, sous les yeux surpris de cet homme il me lança qu’il était poli. Puis nous rejoignîmes notre rue sous les louanges de cet inconnu.
À croire que je venais de vivre un Disney, je n’en revenais pas du succès que pouvais avoir notre starlette, il rendait les gens fous.
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